Les constructions agricoles participent au mitage et à l'urbanisation des terres agricoles (Madeline 3/2006). Pour limiter ce phénomène, plusieurs initiatives ont vu le jour : i) une réponse législative (loi SRU, 2000) à travers l'introduction d'un nouveau principe régulant les droits à construire des agriculteurs en zone agricole et ii) des initiatives portées par des collectivités visant à repenser localement la gouvernance du bâti agricole et son insertion territoriale. Ces solutions consistent généralement à organiser la gestion du bâti agricole de manière collective en développant des dispositifs innovants pour regrouper les constructions agricoles de la commune (Nougarèdes, 2015). Mais ces démarches sont difficiles à mettre en œuvre et nécessitent de concevoir avec les acteurs concernés, élus, agriculteurs, des solutions architecturales qui puissent répondre aux divers enjeux économiques, paysagers, logistiques, etc. Or, avec la modernisation voire l'industrialisation de l'agriculture, l'architecture agricole a été standardisée (Madeline, 2/2006) dé-territorialisée (réf ?). Alors que le bâti des exploitations agricoles a constitué l'essentiel du patrimoine rural français (Demangeon, 1920 ; Guibal, 1987), il semble aujourd'hui que la conception fonctionnaliste du bâti agricole contemporain primant, sa dimension patrimoniale soit délaissée alors que parallèlement des projets agritouristiques se développent.

Le regroupement des constructions agricoles remet en question la conception contemporaine du bâti agricole. Mais, la mise en œuvre de ces regroupements agricoles est l'occasion de mobiliser l'ensemble des acteurs concernés pour engager une réflexion sur la conception du bâti agricole contemporain.

En s'appuyant sur la démarche de la commune de Montpeyroux visant à mettre en place un regroupement des constructions agricoles pour gérer la forte demande sur sa commune, nous restituerons les réflexions issues de l'intervention d'un groupe d'étudiants en architecture visant à construire avec les agriculteurs et les élus de la commune, des solutions architecturales. Cette expérience permettra d'exposer : i) la complexité de mise en œuvre de ce type de projet, ii) les divers aspects que soulèvent une gestion collective des constructions agricoles, à travers les thématiques explorées par les étudiants (identité culturelle et valeur patrimoniale, articulation entre dimension individuelle et collective, architecture et paysage, etc.) et iii) les questions et orientations au regard d'une architecture agricole (re-situer, re-caractériser, les conditions de production, la prise en compte de la technique (se ré-approprier la technique / technique et culture), lien avec la transformation du monde agricole, etc. Nous aborderons également les apports et les limites d'une telle démarche pédagogique.